L’évolution du cinéma français
Le film français a connu une évolution dans le temps et à travers les phénomènes de mode d’écriture des cinéastes. Les années 60 posèrent les premiers jalons, les années 70 et 80 étaient plutôt facétieuses et ont permis de disséminer le phénomène.
Vinrent alors les années 90 qui marquèrent un tournant, plus qu’un genre. C’est en effet la naissance d’un courant qui a roulé le cinéma français dans son lit tout au long de la décennie suivante, jusqu’à nos jours.
Dès les années 2000, la plupart des films français parlent aux spectateurs à la première personne, sur le ton de l’invective de préférence. C’était le cas avec : Sauve-moi, Baise-moi, Epouse-moi ! On a assisté à une généralisation de cette tendance directe envers le spectateur, et cela même avec les documentaires (Nos traces silencieuses), les films d’horreur (Promenons-nous dans les bois) et les animations (On n’est pas des sauvages). Durant cette décennie, plusieurs films ont intégré dans leur titre soit la première personne, soit la deuxième, ou encore l’indéfini « on » utilisé pour « nous ».
La fin des années 2000 se caractérise par un élan d’inspiration sans précédent : 37 films en 2007, 26 en 2008 et 27 en 2009 ! Une telle flambée est révélatrice d’un changement dans notre société. Que c’est-il passé sur les écrans français pendant cette décennie ? Le cinéma français est dominé par la personnification du film et du rapport qu’il engage avec nous !
Il y a d’abord une évidence commerciale. La vie privée excite, attire et suscite une certaine curiosité (malsaine ?). Apparaît sur nos petits écrans une « téléréalité » surexposée et surmédiatisée, dans nos kiosques une presse people sans pitié et toute-puissante. A côté de cela des réseaux sociaux sur internet révélant les moindres détails de notre vie privée, de notre humeur du jour, de l’heure….Les affiches de cinéma à la première personne, c’est la promesse d’une intrusion dans l’intime ! Ne le contestez pas ! Qui n’a jamais voulu connaitre les moindres détails de la vie d’une célébrité ? C’est peut être tout simplement la nature curieuse de l’être humain. C’est l’explosion des biographies –réussies certes- mais qui nourrissent ce besoin de toujours vouloir tout connaitre (La môme, Coluche).
C’est donc un film français qui s’adapte aux besoins des spectateurs de sa propre société, qui évolue avec son temps. Les caméras aiment les larmes, les peines, les cris, les joies…les émotions. Les personnages en deviennent ironiques, tendus, nocturnes, opaques tout en étant transparents…et vous aimez ça !
Le cinéma français affirme son « Je » parce qu’il reste un cinéma d’auteur. De quoi parle-t-il ? De toute évidence, assez peu de braquages de banques, de pompiers lubriques ou de sauveurs de planètes. Il vous parle de la famille et des amours des auteurs. Il est proche de vous et de vos émotions. Il vous raconte la vie de celui qui l’a écrit, un peu comme chez le psy…des comédies douces amères et chargées d’émotions : Embrassez qui vous voudrez (2002), Je t’aime, Je t’adore (2004), Je ne suis pas là pour être aimé (2005) et Je l’aimais (2009).
En outre, la grande force du cinéma français réside sans aucun doute dans le fait qu’il rende compte de la société avec intensité et honnêteté.