JeanHonoré Fragonard : peintre galant
Maître reconnu de la peinture française, ses toiles témoignent de l’œuvre en recréation au cœur du siècle des Lumières : période rococo, renouvellement artistique avec les fêtes galantes, esthétique des clairs-obscurs à la Rembrandt.
Fragonard prend pied dans un XVIIIe siècle qui met toujours plus en avant les scènes courtoises, galantes, grivoises parfois.
Artiste précoce
Fragonard montre très tôt, alors qu’il naît en 1732, des dispositions particulières pour la peinture. Travaillant d’abord aux côtés de Jean-Siméon Chardin, c’est à 14 ans qu’il intègre l’atelier de François Boucher, un maître reconnu de la peinture. Il aide alors Fragonard à parfaitement maîtriser son art. Au concours de Rome, il remporte ses premiers prix à l’âge de 20 ans. Il entre alors à l’Ecole Royale, protégé par Carl Van Loo et part ensuite à Rome à l’Académie de France où il sera en résidence jusqu’en 1762. L’Italie lui permet de développer sa technique en contact avec les passés artistiques de Florence, Bologne et Venise, villes qui ont offert à l’art mondial ses plus grands artistes.
Retour en France
Peintre reconnu à son retour sur ses terres, Fragonard se voit passer des commandes par la Cour et un atelier l’attend au Louvre. Cependant, l’académisme parfois le rebute et Fragonard préfère hanter les cabinets. La narration des grands de la Cour ne trouve plus grâce à ses yeux, aussi se met-il à peindre des scènes essentiellement galantes, grivoises, libertines même.
Marquée par la sensualité, son œuvre est empreinte d’une richesse, d’une virtuosité chromatique rare. Les tensions érotiques de ses toiles proviennent d’un subtil mélange entre drapés, jeux de lumières, choix de la palette et des sujets, des symboliques riches à la manière des maîtres de la Renaissance et hollandais.
Frivolité et grâce
Fragonard est souvent placé à hauteur de son maître Boucher dans la peinture frivole dont ils sont tous les deux des maîtres absolus. Les gestes se font expressifs chez Fragonard, tout comme les regards sont gracieux.
« Les Hasards heureux de l’escarpolette », commandé par monsieur de Saint-Julien, receveur des bien du clergé et libidineux au possible (il rêvait de voir ce qui se passait sous les jupons au gré des balancements de jeunes filles nubiles sur une balançoire), fait de Fragonard un peintre léger mais techniquement parfait.
« Le Verrou » montre un couple en action… ayant ou non consommé l’acte sexuel. Seule la symbolique du tableau le dira.
Au cours d’un autre projet, sur une commande de Madame du Barry, quatre toiles furent peintes par Fragonard : « La Poursuite », « La Surprise » (ou « La Rencontre »), « L’Amant couronné » et « La Lettre d’amour ». Œuvre galante majeure, cette série de toiles intitulée « l’Amour réveillé dans le cœur d’une jeune fille » porte définitivement l’artiste au pinacle des peintres galants.
Changement d’époque
Le néoclassicisme d’un David fera bien vite vaciller le style des Boucher et Fragonard. L’esthétique galante sera repoussée ; la frivolité et la volupté de Fragonard seront mises au rencard au profit de nouvelles idées artistiques issues de la Révolution française. Les aristocrates libidineux ne commandent évidemment plus de toiles à Fragonard qui, bien que lié à David, n’a jamais retrouvé sa place dans ces nouvelles influences politiques et esthétiques.
Retourné à Grasse, sa ville d’origine, à l’orée du XVIIIe siècle, il poursuit son œuvre avec des allégories amoureuses, avant de mourir, finalement, à Paris en août 1806.
Il laisse une œuvre à la portée libertine reconnue, à la symbolique fine et richissime, au goût prononcé pour les couleurs mais surtout à la maîtrise technique parfaite.