Nanouk l’esquimau
Même sans connaître ce film, très justement considéré comme le premier film documentaire, nous avons tous entendu parler de Nanouk, et sachez qu’en France, la marque Esquimau, a profité de la sortie du film pour lancer ses fameux bâtonnets.
Qu’est ce que le film documentaire ? Le film documentaire se propose de partager avec le spectateur une réalité sans intervenir sur le déroulement de celle-ci. Il n’est donc pas la création en toute pièce d’une réalité par l’illusion scénique mais se veut plutôt, comme la caméra d’un reporter, le témoin d’une réalité sur laquelle il n’intervient pas.
Comment est né Nanouk ?
Le réalisateur du film, Robert Flaherty, est né en 1884 dans le Michigan, son père Irlandais d’origine, est exploitant en mines et fer. C’est au cours d’une de ses expéditions canadienne qu’il découvre et est fasciné par le Grand Nord. Lors d’une autre expédition, Flaherty, mandé pour faire des recherches minéralogiques, emporte avec lui une caméra et prend ses premières prises de vue du peuple inuit. Pendant les quatre expéditions qu’il fera dans ce grand nord, il accumule suffisamment de prises pour en tenter le montage.
Malheureusement ses bobines sont malencontreusement brûlées et le voilà reparti à zéro. Il repart à la découverte de ce peuple qui le fascine et qu’il veut absolument faire connaître du grand public. Mais cette fois-ci, il repart avec une réelle approche cinématographique grâce au soutien financier des frères Révillon. Lorsque, à sa première tentative, Flaherty avait voulu faire un film à partir de tout ce qu’il avait filmé, il avait été rapidement confronté à un problème majeur : l’absence de personnages principaux. Lors de ce voyage, il se met directement en contact avec la famille qui préfigurera ses personnages principaux. En procédant ainsi c’est la culture inuit au plus près, dans son courage, ses gestes et habitudes qu’il entend nous livrer.
Néanmoins, les personnages sont plus vrais que nature grâce au travail sur les caractères de ses personnages que fera Flaherty. En effet ce dernier veut nous montrer le peuple inuit dans son état originel, or à l’époque où le film est tourné, les inuit ne vivent plus vraiment dans les mêmes conditions, mais c’est tout le mystère de la culture inuit de base qu’il veut partager. Nanouk devient ainsi rapidement un personnage mythique dont le récit épique permet aux spectateurs de s’identifier à lui, à travers le monde fascinant des esquimaux et la merveilleuse beauté blanche du Grand Nord.
A travers quelques séquences, qui restent des images emblématiques, comme la construction de l’igloo, la rencontre de Nanouk avec le gramophone, ou encore celle de la chasse au phoque, Flaherty a su allier avec brio la réalité documentaire et le travail de construction dramatique, au sens théâtral s’entend.
Personne n’oubliera jamais Nanouk (l’ours en inuit) et Nyla sa femme (celle qui sourit). D’ailleurs en 2010, un livre Nanouk et moi, de Florence Seyvos, nous fait redécouvrir, de manière très originale, le film.