Dizzy Gillespie : une vie pour le jazz
Les noms marquant l’histoire du jazz sont peu nombreux : Miles Davis, Lionel Hampton, Louis Armstrong et Dizzie Gillespie incarnant un jazz band à lui seul !
De son vrai nom John Birks Gillespie, Dizzy naît en octobre 1917 en Caroline du Sud, l’un des berceaux de la musique noire-américaine. Ce qui marque quand on le voit jouer, c’est une trompette à pavillon incliné et des joues gonflées à fond à partir même du cou. Impressionnant de virtuosité à la trompette qu’il maîtrise avec une rare perfection, une rare vélocité, il est aussi compositeur et chef d’orchestre de jazz-bands.
Be-bop
Dizzy est aussi réputé pour avoir créé, aux côtés de Miles Davis et Louis Armstrong, le Be-bop mais également pour avoir initié des fusions entre le jazz et les musiques latino-américaines. Ces deux dynamisations du jazz contribueront à rendre ce genre plus célèbre encore.
Commençant la trompette à 12 ans, Dizzy Gillespie intègre ensuite le big band de Cob Calloway qui montre peu d’enthousiasme devant les solos de Dizzy. Il rejoint alors Duke Ellington et Woody Herman qui laisseront beaucoup plus aisément sa musique s’exprimer.
Révolution(s)
Enfermé dans les gammes des jazz-bands traditionnels, Dizzy finit par fonder le sien et joue avec Thelonious Monk, John Coltrane, et ce, en 1946, alors que la vélocité de son jeu, ses harmoniques osées, commencent à s’intégrer réellement dans sa musique.
Il passe dans les clubs les plus prestigieux au monde : le Minton’s Playhouse, et bien sûr Le Caveau de la Huchette à Paris. La fin des années 40 est marquée par des morceaux tels que « Groovin’ high », « Anthropology », « Salt peanuts ». Tous ces titres s’éloignent radicalement du swing alors en vogue et fondent un Be-bop ravageur faisant danser les clubs jazz partout dans le monde.
Jouant quelques années avec Charlie « Bird » Parker, il finit par quitter les USA pour arriver en France.
Dizzy sur Seine
En 1952, Dizzy Gillespie joue avec Charles Delaunay au salon du jazz et crée son troisième big band avec lequel il joue au Théâtre des Champs-Elysées ou au Caveau, ainsi que dans tous les lieux les plus prestigieux de la capitale. Sa renommée est alors mondiale et il attire un autre public que les amateurs de jazz.
De retour aux USA, il reçoit comme mission d’Etat, sous l’égide du gouvernement américain, de faire découvrir sa musique et le jazz en général en Yougoslavie, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud, tâche qu’il mènera avec grand talent.
Pour cette raison, il se présente à l’élection présidentielle en 1964 promettant de rebaptiser la Maison Blanche en cas d’élection « The Blues House », Ray Charles pourrait alors être président de la Bibliothèque du Congrès et Miles Davis prendre la direction de la CIA. Son humour ne plaisant guère, il se retire et Johnson est finalement élu.
Il venait tout de même de créer, durant les années 40, et de le populariser, le jazz afro-cubain.
Fin de carrière
Il enchaîne les enregistrements à un rythme effréné. 1971, « The Real Thing », 1974, « Dizzy’s Big », 1977 « Free Ride » arrangé par Lalo Shiffrin avec qui il collaborait depuis 20 ans, sont parmi les plus marquants de ses disques.
Au milieu des années 60, Dizzy Gillespie se convertit au Bahaïsme. Sa carrière se poursuit en solo, en big bands, jusque dans les années 90 où un cancer l’oblige à déposer sa trompette si particulière.
Il meurt le 6 janvier 1993 d’un cancer du pancréas en laissant derrière lui une discographie impressionnante de plus de 40 albums live ou studio.
Il entre de fait, de son vivant, dans la légende de la musique aux côtés de Miles Davis, de Lionel Hampton. Son empreinte, son souffle légendaire, hantent encore les couloirs tortueux du Caveau de la Huchette… il reste donc vivant et à découvrir.