Kraftwerk, la centrale électrique allemande des années 70
Dans les années 70, un groupe de jeunes musiciens – issus du conservatoire de la ville allemande de Düsseldorf – vont poser les bases de ce qui sera la New Wave dans les années 80 et la musique électro que l’on connaît aujourd’hui.
Kraftwerk (centrale électrique en allemand) fait partie de ces indécrottables expérimentateurs ayant influencé toute la musique de ces quarante dernières années.
La révolution des machines
En 1975, Lou Reed sort son cinquième album solo intitulé Metal Machine Music. Rares sont ceux qui ont été capables d’écouter cette heure et des poussières de bruits et feedbacks en tout genre qui composent ce disque, en entier. Et pourtant on était en train de vivre l’âge d’or de la musique expérimentale, même Lennon et Yoko se sont mis à s’amuser à bidouiller des machines produisant des sons bizarres.
Il est intéressant de voir que cet âge d’or correspond à une véritable révolution dans l’utilisation des machines dans le but de produire un objet sonore… musical pardon. Le groupe allemand Kraftwerk s’inscrit parfaitement dans cette révolution. Pour se faire une idée du résultat, il faut écouter Autobahn, Radioactivity ou encore The robots. L’alliance de vrais instruments (les petits gars sortent du conservatoire), de l’Homme et de la machine est capable de produire de véritables chansons.
A l’heure actuelle, les machines sont des instruments comme les autres et les artistes électros s’en servent à tours de bras. Mais à l’époque l’usage de la machine était une fin en soi dans le sens où il offrait la possibilité de fournir une réflexion quasi-métaphysique sur le lien qui unit l’homme à la machine. Dans une de ces critiques parue dans Creem en 1975, Lester Bangs rappelle avec justesse les paroles d’un William Burroughs affirmant que le son produit par des machines pouvait être utilisé dans le seul but de provoquer des émeutes. Une démarche réflexive et expérimentale s’imposait donc, Kraftwerk s’en est chargé.
La musique comme marque identitaire
La France ne s’est pas seulement contentée d’inventer la French manucure, elle a aussi vu naître la French Touch, courant musical électro qui a émergé dans les années 90 avec des artistes tels que Air ou Daft Punk. De nos jours, des labels comme Ed Banger et Kitsuné continuent de faire de la France un porte drapeau du genre. Pourtant la capitale mondiale de l’électro est une ville allemande : Berlin. Beaucoup d’artistes, comme le Français Krikor, ne s’y sont pas trompé en immigrant là-bas.
Pour les Kraftwerk, cet aspect identitaire de la musique était primordial. Ils chantaient en allemand et, selon eux, faisait un son typiquement allemand étant donné qu’ils diffusaient à travers leur musique leur culture. Ils disaient se créer une véritable identité centro-européenne. Il est vrai que beaucoup de groupes français, allemands ou encore italiens et espagnols ne s’exportent que parce qu’ils adoptent une identité américaine ou anglo-saxone mainstream.
Ce n’est donc pas pour rien que l’Allemagne reste de nos jours le lieu de pèlerinage de tous les amateurs de musique électro. Faites un saut à Berlin et vous comprendrez.