Opéra La Bohème de Puccini : Une prolifique misère
C’est une bohème qui a apporté gloire et fortune à son auteur et qui s’inscrit au palmarès des opéras les plus fameux.
Lorsque, le 1er février 1896, Giacomo Puccini présente « La bohème » à Turin, sous la direction de Arturo Toscanini, il bénéficie déjà de la réputation due au succès de son œuvre précédente « Manon Lescaut ». Grâce à sa peinture d’un cadre et d’un milieu inhabituels pour les opéras, il réussit un coup de maître.
Le livret italien est inspiré du roman de Henri Burger « Scènes de la vie de bohème ». Même si ses auteurs, Giuseppe Giacosa et Luigi Illica, ont pris quelques libertés avec le texte d’origine, ils en ont conservé la trame et l’ambiance.
L’opéra se déroule en quatre tableaux. L’action a lieu à Paris, en 1840. La nuit de Noël, trois artistes désargentés, luttent contre la faim et le froid dans leur mansarde, lorsqu’un quatrième survient en sauveur avec bois et victuailles. L’arrivée du propriétaire, venu réclamer son loyer, ne trouble pas le bonheur des jeunes gens qui décident de poursuivre la soirée dans un café du quartier latin. Le poète Rodolfo, resté pour achever une œuvre, fait la connaissance de Mimi, une voisine venue chercher du feu. Rapidement sous le charme, il l’invite à l’accompagner.
Le réveillon, très animé, au café Momus donne lieu à des scènes drôles et touchantes : Musette, amoureuse du peintre Marcello tente de le reconquérir, en dépit de la présence de son vieil amant marié qu’il faut éloigner, tandis que Rodolfo et Mimi poursuivent leur romance.
Les deux actes suivants amorcent un triste épilogue : alors que Marcello et Musette alternent les scènes de ménage, Mimi confie à ses amis son désarroi face à la jalousie féroce de Rofolfo. En réalité, celui-ci, sachant que Mimi est gravement malade, tente de l’éloigner de lui afin qu’elle quitte une vie misérable et ait une chance de guérir.
Dans le dernier tableau, où l’on revient à la mansarde, alors que Rodolfo et Marcello se lamentent sur leur sort d’hommes abandonnés, Musette surgit avec Mimi, mourante, venue revoir son amant. En dépit des efforts de tous pour adoucir son sort, elle s’éteint.
L’œuvre se distingue des opéras classiques par son cadre et ses personnages. Des artistes jeunes, pauvres mais enthousiastes, remplacent les nobles héros torturés ou vengeurs. Leur quotidien de misère et de petites joies offre une pittoresque toile de fond aux tribulations des couples de l’œuvre, celui de Rodolfo et Mimi, frappé par le malheur, et celui de Marcello et Musette, pimenté par ses querelles.
Pour donner relief et émotion à ses tableaux, Puccini alterne les chants intimistes et dialogues, musique de chambre et puissantes interventions orchestrales. Populaire et tragique, « La Bohème » connut un succès presque immédiat, puisqu’il fut joué dans 18 villes d’Europe, au cours de sa première année. Aujourd’hui encore, l’opéra figure parmi les œuvres les plus jouées dans le monde.
Au programme ce printemps 2014 de l’ Opéra Bastille…