Pas de casquette à l’envers pour JayZ à Bercy
Le dimanche 6 juin 2010 celui qui occupe, depuis une quinzaine d’années déjà, le trône de roi du hip-hop mondial, a donné un show suffisamment spectaculaire pour remettre en place Kanye West et ses frondeuses ambitions.
Le spectacle était-il pour autant total ? Les jeunes parisiens de Sexion d’assaut devaient faire la première partie… au dernier moment, ils ont préféré annuler.
Une première partie avortée
Pas de quoi faire oublier l’haletant compte à rebours façon Mission impossible, sur la musique de James Bond, qui précéda l’entrée en scène de Shawn Carter alias Jay-Z. Pas de quoi émoustiller les 18 000 personnes venues voir celui qui partage les plus belles suites des palaces du monde entier avec Beyonce et évidemment, pas de quoi nous faire regretter d’avoir brandi nos poings et joint nos mains vers le ciel en faisant le, désormais célébrissime, signe pyramidal, symbole du label du rapper : Roc-a-Fella record.
Juste un peu d’amertume donc pour Sexion d’assaut, jeune groupe de rap parisien, qui vient de faire un malheur dans l’hexagone avec des titres simples mais efficaces tels que « Désolé » ou encore « Casquette à l’enversé », réponse à Nadine Morano et à sa vision de l’intégration des jeunes de banlieues en France. Mais que s’est-il passé ? Pourquoi cet avortement de dernière minute ?
Le contexte est le suivant : on propose aux parisiens de faire la première partie du meilleur rappeur du monde sur la scène de Paris Bercy devant 18 000 spectateurs. L’excitation est à son comble et tout le monde est motivé par cette idée. Le soir du concert, pendant que Jay-Z est à Rolland Garros et que les techniciens du rappeur américain mettent en place la scène pour le show du New-Yorkais, les jeunes français attendent gentiment qu’on leur donne le feu vert pour leur répétition et la mise en place des balances. A peine une demi-heure avant l’heure prévue pour leur prestation, on leur dit de monter sur scène et de se préparer devant une salle quasi comble. Ils refuseront bien évidemment en prétextant que les conditions indispensables au bon déroulement du concert ne sont pas réunies.
Face au mutisme et au mépris des américains, les parisiens remballent leur matériel et partent en refusant de jouer. Plus tard, dans une vidéo postée sur leur site, ils expliqueront par A + B comment on leur a littéralement manqué de respect.
De Brooklyn au Ritz
Dans son titre « Death of Auto-tune », comprendre la mort du vocodeur (système permettant de modifier la voix des rappeurs pour la rendre plus métallique), Jay-z s’insurge contre toute la nouvelle génération qui oublie d’où vient le hip-hop. Lui, continue de clamer haut et fort qu’il « transpire Brooklyn », et que malgré le fait qu’il soit multimillionnaire, il reste toujours celui qui représente le mieux la rue.
Pour les Parisiens de Sexion d’assaut, Jay-Z restera celui qui a préféré aller voir jouer Nadal plutôt que de venir les saluer pour leur souhaiter bonne chance pour leur première partie.